mardi 27 mai 2008

chronique Pase Rock " Bullshit as Usual"

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La question reste incertaine quant au sujet. Revenir en arrière, comme réflexion subjective pour y entrevoir les possibles résurgences. Pase Rock est de ces électrons libres qu'on devine brièvement, quelque part entre le combo psyché de ses premières armes au sein de Five Deez et de cette sueur électrisante des collaborations futures, et ce, notamment en compagnie de Spank Rock. Cependant, avant d'aborder l'existence sonore sous l'angle parfois obtus d'un Boom Bap survitaminé, Pase Rock a su marquer du sceau de l'intemporalité la catalogue extrêmement fourni des élucubrations virevoltant entre vibrant alto et snare sale et redisposer les éléments de ce facteur d'émancipation et dépoussière par la-même les clichés matraqués par le travail "copier-coller" de ses pairs.Et cette volonté parfois vécue comme inconsciente se voit seconder par dix doigts d'une féerie majestueuse du dit Nujabes. Là ou encore certains convolaient vers les cieux obscurantistes New Yorkais mis en exergue par les fines lames de Cannibal Ox et autres fiers soldats d' el-p et Def Jux, Hyde Out rivalisait encore d'ingéniosité, archéologues du sillon.
Par ici, il nous faut reconnaître la sensibilité du beat maker qui paraîtra absconde pour beaucoup sur les morceaux de bravoure sensorielle ( "Relax", " Sunrise intro") et témoignages d'une appréciation avant-gardiste ( " Post World").
On ne saurait conseiller l'obtention de cet opus que pour la simple et merveilleuse excuse d'enrichir, seul, un univers morne de sens, désert à l'aspect omniscient.


"Sunrise" et " Greymatter", clips "home-made":




www.myspace.com/thepaserock

chronique Flying Lotus " Los Angeles"

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Steve Elssund est un homme interstellaire, à part, chaque poussière d'étoiles, disséminées, se diffusent tout au long d'un Los Angeles, attendu, repoussé. Brillant est le qualificatif d'usage notamment lors de son premier 1983 aux allures d'apogée pour le jeune producteur. Atteindre le paroxysme si vite. trop vite? On s'y brûlerait les ailes.
Rythmiques concassées, fractures nettes des mélopées, on pense très viteau jeune Elssund assommé des structures dissonantes de Sun Ra. L'acidité d'une chambre au goût stellaire. Répétons-le.
Pour s'impliquer dans une épreuve de force, voyage aux confins du cliché.
Elssund a beau rivaliser d'ingéniosité, ce dernier n'évite cependant pas la redondance. Nul n' est prophète.
Le sort de l'album reste entre nos mains. Résident néanmoins ces morceaux extatiques, flirtant avec la résurgence post- Free Jazz ( "Something Stellar") concomitant aux preuves d'un downtempo latent et obscur ( "Roberta Flack" en compagnie de Duffy ou encore "Auntie's harp" sublimé par l'épouse de Daedelus, Laura Darlington).
Alors l'évidence nous pousserait à y entrevoir le cosmique, le doigt de Dieu effleurant le brillantisme.
Nul n'est prophète.
A force d'y entrevoir le génie à chaque coin, la quidam s'efface parfois devant l'usage de la simplicité. Cela égaiera néanmoins les nuits d'été. A la recherche de...



www.myspace.com/flyinglotus

chronique One Little plane " Sunshine Kid ep"

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Comme si cela ne suffisait pas. Kathryn Bint décline l'essai sonore sensible.
Proche de Kieran Hebden ( Four Tet, Fridge entre autres), aperçue sur le remix du très psyché " Melody Day" de Caribou en compagnie de Luke Lalonde et du dit Kieran, One Little Plane offre douceur et nonchalence.
S'il suffisait d'être sensoriel. Et bien ici, le qualificatif est égal sa peine. Comme pied de nez aux sirupeuses combinaisons guitare-voix maintes fois usitées, Bint exprime sans forcément expliciter.
Le soulagement et la plénitude enfin, embrasement contextuel sur ce " Sunshine Kid" et autres tels l'écho d'une non moins fameuse Joni Mitchell.
Il est étrange de soliloquer en sa présence fictive. Seul et entouré sans nul doute. Quelque part. La verdure comme voix de la simplicité. Encore faut-il la rendre florissante.
On évitera l'écueil du trop vite, trop beau, achetons...Il semble utile d'aborder néanmoins la quintessence, celle qui pousse Bint à phagocyter Mitchell, sans en être son parasite latent. Le conditionnement a du bon. Sans nul doute.


(cf interview)

http://www.onelittleplane.com

lundi 26 mai 2008

One Little Plane interview

L' attente lève enfin son voile de satisfactions. Comme promesse sur la fugacité du temps. Kathryn Bint répond d'un alias en dehors du temps, un goût démesuré pour Joni Mitchell mais puise son originalité dans l'immatériel. Contrée vierge de sens. Par delà même la frontière du cliché, de la facilité, Bint prône l'ouverture et s'en révèle en être l'actrice prépondérante.


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Pour ceux qui ne te connaissent pas, revenons en aux tout débuts. Il me semble que ces débuts sont en correspondance avec un certain Kieran Hebden ( Four tet, Fridge entre autres):
Oui et bien j'ai rencontré Kieran il y a quelques années par le biais d'un ami commun qui dirige un label aux Usa. Kieran a dès lors montré de l'intérêt pour mon travail et a voulu produire mon album.

Quel a donc été le but de l'enregistrement des ces trois premiers titres et par là l'idée derrière One Little Plane?
Je dirai que le but premier fut d'enregistrer ou plutôt de créer ces petites histoires me concernant moi ainsi que mon entourage. Ces même histoires, choses qui sont à la base de mon inspiration. Mon quotidien. Ces choses que je vis, entends ou encore ressens. En ce qui concerne l'idée derrière ONP, le tout vient d'un vieux cartoon de Disney. En réalité j'aime cette perception des petites choses capable d'en réaliser des bien plus grandes...tout comme l'idée de voler en fait...

Qu' en est-il de ton travail? On ressent la prépondérance d'éléments naturels dans celui-ci.
Je ne suis influencé par aucun type de mouvement, je dirai ...plutôt par bon nombre d'artistes compositeurs et chanteurs. Voilà ce qui m'inspire dans mes créations.


Nous parlions de Kieran Hebden un peu plus tôt..était-ce toi apparaissant dans la vidéo " You were there with me" de Four tet?
Ah oui en effet c 'est bien moi! Mais encore ici, cette vidéo n'aspire à rien de particulier. Le point de départ étant la spontanéité, sans vouloir faire allusion à un moment précis dans le temps.

Quelle est la plus belle manière d'aborder un jour de production...?
Je pense que le meilleur moyen est de laisser ces même choses guider notre inconscient, être là en corrélation avec ces dernières. Je pense être trop rigide sur ces petites choses si elles sont trop calculées, elles en paraissent inabouties après tout.

Choisir le format Folk...Serait-ce ce quelque chose qui a su copier le conditionnement?
J'ai toujours été attirée par ces musiciens capables de représenter au-delà du microcosme, de retranscrire le personnel afin de l' universaliser. Je pense de ce fait, que beaucoup de textes folks modernes réfèrent à la notion de vie en communauté. Qu'importe sa réelle nature.

Quelles sont ces différentes sources d'inspiration?
Je suis influencée par beaucoup de choses, entre autres...les livres, les gens, les arbres, la vie en plus particulier...en ce qui concerne le monde musical, j'ai toujours été une fan inconsidérée de Joni Mitchell, et plus particulièrement de ses premiers albums. J'y trouve une honnêteté et vulnérabilité incroyables, qu'il m'apparaît très difficile à atteindre encore aujourd'hui.

Une question généraliste pour vous. Comment définirais-tu la notion Beauté dans ta musique?
Je dirai, en utilisant les termes les plus simples...ce quelque chose qui vous touche, au plus profond du coeur.

La plus belle journée? La pire?
Etre ici avec ceux qu'on aime et évidemment à contrario être loin d'eux.

Qu'en est-il de ton futur? ( au moment de cette interview, Kathryn Bint était encore sans label)
Mon album sort le 30 juin prochain sur le label Text records et par la même occasion, je joue dans différents festivals cet été.

Une playlist..là ou la musique se mue en rêve.

Makes me wanna die - Tricky
Song to the siren - Cocteau Twins
Tomorrow is a long time - Bob Dylan
Flim - Aphex twin
All I want - Joni Mitchell


ONP cet été:

30 juin 2008 20:00
The Slaughtered Lamb London
3 juil. 2008 18:00
In store @ Pure Groove Faringdon
13 juil. 2008 20:00
The Gramaphone London
9 août 2008 20:00
Field Day London
15 août 2008 15:00
Green Man Festival Wales


en compagnie d'Ed Harcourt:

Welcome to our TV Show - March 08 [Part 1] Ed Harcourt &OLP



Four tet " You were there with me":






http://www.onelittleplane.com/

lundi 19 mai 2008

pauline croze interview

On peut lier les choses, parfois absondes. Aimer Flying Lotus, s'animer dans sa voiture et puis redescendre, le moment d'après. Se raviver près du feu. Rencontrer Pauline Croze. Quinze minutes d'une rencontre concrète. Aborder le monde sous un aspect tout aussi fécond. La vie selon une rêveuse. La matière change subitement, seul réside ce fond propre à beaucoup. Enregistrement.

La genèse de Pauline Croze....
J'ai commencé ma carrière en jouant dans une multitude de bars et autres, ce qui m'a fait rencontrer Anne Claverik qui était la manageuse à cette époque des Valentins ainsi que d' Etienne Daho. La maquette que je lui avais remise lui a beaucoup plu, la mise à l'oeuvre s'est fait automatiquement. De là, de nombreuses rencontres m'ont permise d'accéder à un niveau autre, des premières parties...cependant l'évidence n'était pourtant pas de mise, la recherche d'un label par exemple...le fait de l'avoir rencontrer m'a fait entrevoir une certaine fluidité d'évènements en fait. Avant tout cela, j'ai benéficié de la reconnaissance du public en ayant la chance de jouer pour les Transmusicales de Rennes, le CQFD des Inrocks, et puis bien sûr la séléction pour les Victoires de la Musique.

Justement tu parlais de remise de prix ou tout du moins de séléction. Accordes tu quelque importance vis-à-vis de ces dites "cérémonies"?
De réelle importance pas forcément. J' ai plus l'impression que les Victoires ne récompensent que le succès commercial au détriment même de la quintessence artistique, et ce, à l'opposé de prix tels que le prix Constantin. Mais cela n'engage que moi.

Te sens tu proche d'un ou plusieurs artistes sur la scène dite " actuelle"?
Disons que cet univers m'est assez lointain en vérité, de là fourmillent ces démarches qui le sont tout autant. Si je devais prendre en exemple un(e) artiste et l'originalité de sa démarche et bien je dirai Camille et son second album, le troisième ne m' a pas interpellé, tout du moins je n'ai pas pris le temps de m'en occuper. Néanmoins je trouve que la recherche de cette articulation sonore est riche de sens et prodigue un swing qui me plaît beaucoup.
J'ai travaillé également avec Arthur H. sur " baiser d'adieu" que je n'arrivais à terminer, on a beaucoup buté sur le morceau avant de le conclure dans la douleur.

Tu me sembles assez atypique dans le déroulement et la gestion de ta carrière, évitant le carcan qu'offre une célébrité trop fugace...j'ai été assez surpris de voir que tu t'influençais aussi de Wayne Shorter pour travailler tes vocalises..on peut aussi de poser la question de savoir si le tout n'est pas orchestré pour justement jouer la carte de la défiance face au consensus commercial?
Et bien ici c'est la vérité donc pas de problèmes. Ce que je recherche par dessus le tout c'est la rythmique parfaite, le groove...ce que j'aime et par la même occasion, mettre en exergue, c'est cette musique chaloupée, la boucle hypnotisante. Je travaille ainsi ma voix dans cette optique et les solos de Wayne Shorter sont une très bonne source d'inspiration, les tenues de notes, ces effets très fondus du son qui peuvent être très criards parfois.

En ce qui concerne les séances de composition?
Et bien ces dernières ont été totalement différentes sur ce deuxième album puisque je me suis refusé à composer sur le mode voix/guitare. Je suis assez limité par mon jeu de guitare, je tourne souvent autour de la meêm chose au bout d'un moment, j'ai donc dû essayer d'éviter tout cela en posant des sons de saxophone, de basse, instruments que je ne travaille pas trop voire du tout ce qui me pousse à ne pas avoir ces réflexes de composition que j'ai parfois avec ma guitare. Cette dernière n'est pas principale à la composition, le tout étant un gigantesque puzzle musical. D'ailleurs ce processus évite l'effet miroir avec le premier album je pense.

Cette légéreté dans la composition se retrouve-t-elle dans tes séances d'écriture?
Parfois un théme surgit, d'autres comme un "bruit qui court" a mis trois ans avant d'être achevé.

Existe-t-il une distanciation que tu mettrais autant sur scène que sur disque?
Je ne sais pas vraiment si je me pose la question de la disatance avec la personne qui va écouter. Ce que je sais c'est que j'écris pour moi, du coup je ne m'intéresse pas au ressenti de l'autre ou comment il ou elle va le prendre. J'essaie cependant d'éviter le nombrilisme en évitant les occurrences du "je, je, je" mais si cela fait du bien...après, je peux te parler de cette chaise c'est de l'égotrip peut-être plus hypocrite, mais on y revient toujours à soi ou alors tu es un très bon story teller et tu peux te permetter d'aller vers d'autres horizons artistiques. Je parle souvent de sensations dans mes chansons, dans le "bruit qui court", je ne voulais pas incarner ma propre personne avec mon propre vécu, le "je" que j'utilise est entrevu comme personnage de cartoon, et par la même occasion de relativiser cette rumeur qui ne cesse de véhiculer des images sur nous, de ces soit disants acquis qui s'effondrent à chaque nouvel album.

Oui, entre ces deux opus, de nombreux changements ont dû affecter ta perception des choses...
Par rapport au deuxième album, je me suis sentie plus confiante pour le porter ainsi que d'assumer mes envies. Au niveau du public, et bien il me semble moins acquis que sur les premmiers morceaux. Je pense que beaucoup d'entre eux se sont déjà détournés de mes titres, d'autres se montreront plus "curieux", mais la donne est toujoiurs assez évolutive.

C'est peut-être pas si mal d'avoir en face de nous des gens un peu plus à même d'évaluer son travail, sans l' élitiser bien sûr.
Oui, mais je pense que la simplicité est la meilleure des choses en soi cependant si on la calque à ce que l'on a fait auparavant, il est préférable de lorgner vers une certaine complication. Pour l'album, je n'avais pas d'inspiration sur des choses simples, et je rebondissais à chaque fois sur des schémas dont la simplicité me rappelait étrangement mon premier album. Pour moi c'est un mouvement permanent, la simplicité se nourrit de sophistication.

Je t'ai croisé l'été dernier sur Arte et son docu musical " Route 66" dans lequel tu apparaissais dans une reprise des Doors et "people are strange" en compagnie de Betrand Belin ce qui m'amène à cette éterbelle question: penses tu être l'écho d'un quelconque mouvement de cette époque et comment éviter le processus du "copier-coller"?
Oui bien sûr, les années 70 constituent pour moi une fascination énorme, la libération sexuelle, de créativité, mais en même temps ces mouvements communautaristes tranchent avec ma personnalité marquée par l'individualisme. Ces mouvements collectifs me fascinent parce que je sais que je ne suis pas capable de cela et je ne m'en sens pas l'héritière. Je me sens plus admirative de la liberté au sens large.
D'un autre côté, je suis attiré par les ce qui m'oppose, je ne veux pas me cantonner à ma petite personnalité. J 'aspire à travailler dans cet esprit communautariste, vraiment. Il ya tellement de vents contraires à cet esprit et j'admire ceux qui arrivent à repousser ses limites soi-disantes établies, en oubliant leur égo. Moi par exemple, j'aime que les mots que j''écris ne soient prononcés que par moi-même. D'un autre côté je fais partie d'une bonne structure, je ne suis pas toute seule à faire de la musique dans ma cabane...Finalement la résurgence des années 70 pourraient se retrouver dans le démantement des grosses structures et l'ouverture des labels sur des espaces tels que Myspace par exemple...ce qui est regretable dans ce système c'est que tout le monde y va pour y faire sa petite promo, on y dit " viens voir mon concert" et plus " j'aime ta musique ( ou autre ) pour telle ou telle raison".



merci à la Cartonnerie.


http://www.paulinecroze.com/



jeudi 1 mai 2008

daedelus interview ( première partie)

Penser aux déformations sonores chez son dermato. Aussi surréaliste que les virevoltes sonores d' Alfred Darlington. Autour d'un verre, on repense à la prédomination et l'écho de l'ère Victorienne, les relations conflictuelles avec l'autre, de musicalité beaucoup. Alfred Darlington. Homme à part. Comme si ce dernier avait omis la décadence, fruit pourri sur l'arbre générationnel.

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pourquoi et quand Daedelus?

et bien j ai commencé en tant que jeune musicologue, jouant de la basse, et fan bien sûr de culture jazz. J'ai commencé à collectionner beaucoup de disques, en premier lieu en tant que musicien, car je me prédestinais à devenir un musicien de studio. J ai commencé à jouer sur une basse 6 cordes mais n'étant pas très à l'aise je suis descendu d'un cran passant à quatre.
En 2000, j ai réellement commencé à embrasser l'idée de produire et je me suis mis en chasse de plusieurs sonorités qui me paraissaient être en adéquation avec mon univers expérimental, d'électro-acoustique,que mes parents possédaient à cette époque, tels que ceux de John Cage, en fait beaucoup de disques datant des années 50 et 60, Tangerine Dream, John Zorn tous ces artistes je les ai découvert bien plus tard parce que mes parents ne les avaient pas en stock en réalité. Enfant je fus "exposé" à une culture bien plus "rave", c est à dire la techno de années 92/93 ainsi que le son Britannique Hardcore. Je dispose d'environ de 2000 de ces disques. De ce fait, à cette époque je m'amusais à boucler musiques de films, bande originale de films, techno, breakbeat et de les fusionner. Sur le coup je ne me suis pas rendu compte de la folie de cette création ce n 'est que 8 ans plus tard que je me suis rendu de la portée de cette idée, lorsque j ai envisagé plus sérieusement l'idée de produire. Très vite je me suis rendu compte que personne ne l'avait fait auparavant.

Oui, ce qui prouve encore l'universalité entre toutes les musiques...et ipso facto la création de ton univers propre.

oui, l'universalité marquée en un temps précis, mais pour revenir à ça, je n ai pas essayé de créer "mon" style à cette époque. Je me rends compte qu' il est difficile d'échapper à sa propre nature.

comme un conditionnement...

exactement, une sorte d'expression de son enfance hormis ce fait important d'avoir été bassiste, le jeu en studio n'a rien à voir évidemment qu'avec celui procuré par l'utilisation des machines. Avec un instrument tout est tellement plus technique, alors que c' est en réalisant des erreurs que je réalise ma musique.

Revenons sur l'étymologie derrière ton nom, il est en réalité une symbiose à lui tout seul de beaucoup de références, prenons par exemple celle de James Joyce et de son " Portrait of the Artist as a Young Man"...ou encore celle des surréalistes et de leurs cadavre exquis ( " exquisite corpse" sur ninja tune en 2006)

oui d'ailleurs mon tout premier disque porte son nom ( " The Portrait of The Artist" sur Mush en 2000). J aime cette idée que comme beaucoup de ces mouvements artistiques que tu as cité, le spectateur se voit laisser des indices quant à un séjour imaginaire, et que ce séjour ne dépend que de la personnalité du spectateur, tu peux les guider d'une certaine manière mais en général, c est bien de leur choix dont il s'agit afin de continuer ce périple.
La référence la plus évidente contenue dans mon nom est bien sûr celle de l'inventeur Grec, Daedelus, père d'Icare, le plus grand d'entre les siècles, mais je dois souligner le fait qu'au delà de cette caractéristique, c'est également la facette tragique du personnage qui m'a attiré, ce qui renforce le mythe de ce personnage.
Pour revenir à James Joyce, ce monde incroyable, visionnaire, visuel de Dublin ( rappelons que James Joyce écrivit " Dubliners", "Ulysses" en ne se basant que sur des bribes de souvenirs d'enfance afin e restaurer l'atypisme de la ville de Dublin) ainsi que son aisance à utiliser une langue très simple finalement, en utilisant des déconstructions au niveau de la technique de narration; c'est bien là ce que nous tentons de faire aujourd'hui dans la musique, que ce soit du glitch ou peu importe. Pour être franc je suis un peu dyslexique, il m'a donc fallu du temps pour lire son oeuvre, mais j'aime être confronté à ce genre d'obstacles. Si tu prends James Joyce , on se doit de saluer cette utilisation fabuleuse du langage afin de restituer ce parallèle entre mélodie et signification ce qui me semble totalement perdu aujourd'hui dans la musique. Il me semble important de mélanger agréable moment sur la piste et pure réflexion.

Ce livre est également considéré comme une initiation. Considères-tu ton oeuvre en tant que telle?

et bien à différents niveaux. Si tu regardes les crédits de mes samples, tout est fait pour générer une certaine signification. J'ai réalisé un disque " Agent Agent" ou tout ce qui était samplé n'était que des bribes laissées ça et là pour l'auditoire, pour celui ou celle qui voulait découvrir ce qui se passait derrière ce mystère. De plus je suis très obsédé, ce qui peut paraitre idiot parfois, par le style Victorien et le Dandysme plus particulièrement, ces derniers avaient en effet cette idée de parcourir la ville, à la recherche de non pas ce qui était "nouveau"ce qui constituait une perdition totale de l'âme artistique) mais bien plus de découvir la nouveauté dans l'architecture, la peinture etc...que tout le monde considérant comme déjà dépassé. Ce qui trouve un écho plausible quant à l'appréciatino de la musique. Beaucoup de gens se voient perdus, contextuellement parlant de nos jours.
Je reviens sur le cadavre exquis que tu évoquais. Ce mouvement est important dans le sens ou il me semble retrouver une certaine importance aujourd'hui, cette abération qui nous entoure, le fait que nous soyons si "déconnectés" de la vie réelle...Prenons cette machine que tu tiens dans tes mains, il nous faudrait une existence entière pour comprendre son fonctionnement, ou encore une éducation spécialisée quant à son étude, il en est de même en ce qui concerne la culture musicale de certaine personnes. Etre "connecté" ne nous renvoit certainement pas à une connaissance suprême.
Je ne suis pas d'accord avec toutes les conceptions sur l'ancienneté et son appréciation artistique, j aime également le côté futuriste imprégné dans l'art lui-même. Le problème avec l'art visuel, est que ce dernier est fait pour très peu de gens en général, tout n 'est pas fait pour être vendu ou vu évidemment, mais la plupart du temps, cet art est réservé à un groupe bien spécifique d'"élitiste" alors qu' à contrario la musique se voit être destinée à un maximum de gens et ce, gratuitement afin qu'ils puissent l'expérimenter.
Les révolutionnaires musicaux parcourent les ondes. Tu peux te retrouver dans un pays du Tiers monde ou encore en Asie du Sud et avoir la possibilité d'écouter un morceau de Bob Marley. Bon, d'accord Bob Marley sonne un peu cliché, mais le concept réside en la simplicité et la propagation.
Il est difficile de vendre cet art visuel à la "masse" parce que ce n'est pas son but même.

Tu parlais il y a quelque minutes du style Victorien qui t'est cher, tel que les costumes Edwardiens et je me permets de rebondir sur ce principe d'anachronisme qui te caractérise.

Oui, je focalise plus sur le style qui se cache derrière les valeurs Victoriennes ce que beaucoup de gens confondent parfois en le limitant à ce style de costumes, en tout cas en ce qui me concerne.
J ai grandi d'une manière assez anachronique en fait. Lorsque tu repenses la révolution pré-industrielle, l'évolution dans les moyens de communication, le télégraphe, tout fut inventé dans une période très courte, alors comparé à cette période que nous pensons être celle de la Révolution technologique par excellence...ce moment précis trouve ainsi en écho en cette période contemporaine. Je reviens une fois de plus sur les Dandys: tout ce qu'ils réalisaient n'était qu' Art. La façon dont les chaussures étaient cousues se devaient de respecter un certain principe esthétique etc.
J'essaye donc d'incarner ce tout. Il est très difficile de faire en sorte au jour le jour, mais c'est un concept, et je m'efforce de représenter cet idéal musicalement parlant. Et c'est une des raisons pour laquelle je me moque gentiment de la techno, il existe de très bon dj's, mais qui malheureusement de poussent pas assez loin l'esthétisme que cette musique pourrait incarner. Je sais que pas mal de gens me contrediront mais bon...

Penses tu qu'il s 'agisse là d'un manque cruel de curiosité?

Je suis d'accord avec toi sur ce point cependant je pense que c'était plutôt de la responsabilité de l'artiste lui-même de laisser ou non ces bribes dont je te parlais auparavant et laisser aux auditeurs cet espace suffisant quant à leur émancipation. La position de l'artiste est une question délicate, beaucoup de mes amis musiciens vivent de que le monde moderne a engendré: la publicité. C'est une période assez troublante, vraiment. Cependant je considère que l'on est toujours le porte parole de quelqu'un d'autre.

Tu parlais de technologie, de la position des artistes, le lien se voit tout trouvé en l'utilisation d' Internet. Tu es bien l'un des seuls artistes qui soit encore "joignable" que l'on soit fan, journaliste, musicien, inconnu ou non.

On ne peut plus vivre selon les critères de l'industrie musicale des années 70 qui voulaient que l'on soit signé par une major, tout en nous laissant le temps suffisant de murir, le profit escompté n'arrivant que deux disques après suivant la manière dont on avait managé les différents deals proposés. Nous sommes tellement loin de tout ça maintenant. Aujourd'hui le fait de signer un contrat pour un album signifie faire du profit pour le label, sinon tout est terminé pour l'artiste. Ce qui est arrivé à beaucoup d'amis artistes qui n'ont jamais entrevu la moindre pièce. Nous sommes entrés dans une ère ou il n'est plus nécessaire de signer sur une major et de passer par le circuit traditionnel de distribution mais il sera plus difficile de réaliser un certain bénéfice. Dans les années 90, beaucoup de gens se sont enrichis dû au prix parfois rédhibitoire des albums, et c'est bien pour cela que le format digital, la gratuité va gagner je pense. Les gens ne veulent plus être abusés.
Le vent tournera et c'est grâce à Internet que des gens plus modestes comme quoi se retrouvent à tourner dans le monde, les grandes compagnies étant trop concentrées sur les Dinosaures de la musique et leur manque de clairvoyance paiera un jour ou l'autre. Certains de mes disques ne sont même plus distribués mais grâce à Internet les gens peuvent se les procurer. Et c'est mon but. Etre entendu. Si tu ne l'es pas, tu meurs. Il y a bien sur des avantages et des inconvénients quant à cela, la lassitude peut être atteinte très vite dû un nombre conséquent d'informations présentes, tu peux perdre beaucoup d'auditeurs si tu décides de changer de cap artistique mais là réside l'expression même artistique.

oui, l'expression même est ici la quintessence que tu soulignes...ce que Prefuse exprimait en son " expressing views is obvsiouly illegal".

Le fait que la musique soit en soi, pure, est une bonne façon d'exprimer tout ça. Je suis très content que le disque soit sorti mais on ne sait jamais le ressenti réel des gens, ils peuvent laisser des commentaires mais cela ne traduit pas souvent ce qu'ils en pensent, ce n'est souvent qu'une accumulation de mots sans forcement expliciter des émotions simples.

oui c'est un peu le problème qu'incarne myspace, les commentaires du type "merci pour l'ajout" expriment une certaine vulgarisation de l'expression même du ressenti musical.

Oui et ce problème tu peux le retrouver dans la musique en général. Il est très difficile de tomber sur cet auditoire capable de fouiller dans les moindres recoins du disque. Et je me considère comme chanceux si j en croise un ou deux en chemin. Mais et c'est pour cela qu' Internet est génial une fois de plus, c'est que cela permet l'accès à une multitude d'informations. Prenons Youtube, ma dernière vidéo a été visionnée par plus de 4000 personnes ce qui est génial en soi, bien sûr seulement deux milles d'entre eux l'ont placée en tant que "favori". Ce n'est pas un mauvais pourcentage, je te raconte cela pour souligner l'idée que cela n'a rien coûté et m'a permis d'être vu et entendu par beaucoup.

Tout en évitant cet écueil que constitue la Hype....quoique le problème semble difficile à cerner de nos jours.

Et bien cela peut fonctionner comme une bonne campagne publicitaire. Le fait de se revendiquer en tant que tel va attirer pas mal de personnes en plus c'est certain. Mais tout est éphémère si tu ne gères pas ta carrière en fonction de tes choix et de tes émotions.( ndlr d'oû l'éternel débat "hipster ou non?").
En ce qui me concerne je suis déjà content que mon disque sorte, de tourner. La plupart des labels balancent le single de leurs nouveaux poulains car ils ne pensent que sur le court terme. Quand tu prends Ninja Tune, il est tout de même difficile de perdurer en tant que label "traditionnel", chacun cherchant de nouvelles niches commerciales ou survivre ce qui explique pourquoi beaucoup de mes camarades font plus d'argent en tournant qu'en sortant leurs disques. Ninja tune a toujours essayé de promouvoir la diversité musicale.

Ce qui m'amène à te questionner sur un des prochains projets, "Long lost" que tu te prépares à sortir sur ce même label.

C'est un projet que j"enregistre avec ma femme ( ndlr Laura Darling). Je l' ai rencontré au Lycée, nos chemins se sont séparés puis retrouvés, nous venons tous deux d'une formation musicale classique. Ce projet me tient vraiment à coeur, Laura s'implique vraiment dans la composition, l'utilisation des ordinateurs. Cependant le côté acoustique sera plus mis en valeur. Dans le sens premier du terme, je dirai plus "pop". Nous essayons de retranscrire l'amour que nous nous portons. Les chansons ne tournent pas qu'autour de cela, ,nous essayons de la façon la plus honnête qui soit de retranscrire un maximum de choses mais à notre manière. Je ne sais pas si tu as la possibilité d'écouter les chansons disponibles sur myspace mais elles ne sont pas compliquées.

à suivre.....





http://www.myspace.com/daedelusdarling

hopper interview

Certaines villes offrent ce lieu communautaire auquel se rattachent, tels électrons libres, la quintessence artistique de chacun, comme pour muer, hybride musical. Tâchons d'éviter les clichés musicaux: les lieux communs attribués trop facilement. Simplement remercier. Jamais un abribus ne parut si réconfortant. Jamais la pluie Rémoise n'eût ce goût du Wisconsin.




Revenons sur les beaux jours ...la création du groupe...la genèse du groupe Hopper...est -ce une réminiscence d'un peintre fameux, en l'occurrence Edward Hopper? (peintre réaliste américain)
(jean)Dorothée et Aurélia ont commencé à faire un premier Ep qu'elles ont enregistré sur un 4 pistes, un disque s'intitulant "there is no place like home" assez difficile à se procurer suite à cela elles ont rencontré Romain, l'ancien bassiste du groupe (ndlr aujourd'hui remplacé par Jean-Yves, également bassiste du groupe Syd Matters) ainsi que moi même. Nos premières répétitions remontent à Décembre 99, par la suite un second ep " sunbelt", six mois après, le tout s'est enchainé très vite, concerts quatre mois après etc...Un premier album " A tea with D." Pour revenir au nom, cette lecture est possible tout comme Dennis Hopper.
Selon la police ce serait Edward Hopper et les manifestants Dennis.

Et justement chez Edward Hopper, le fait que ce dernier peignait les middle class américaines a été le déclencheur d'un certain affect?
(aurélia)En réalité l'imagerie de ce peintre nous correspondait plus, pas vraiment le fait que celui-ci s'attache à dépeindre les middle-class américaines, ces scénèttes quotidiennes..tout nous influence, on pourrait te dire ces briques, cet abri bus, les voitures. Contrairement à d'autres groupes, nous n'avons pas d'album phare, genre l'album culte du groupe...

Ce qui évite l'écueil du "si vous aimez ceci, vous aimerez cela..."
En général il faut toujours que les gens te mettent un chapeau avec deux lignes du genre qui résument le groupe ou encore une étiquette collée sur le cd, toutes les maisons de disque le font.
(jean-yves)De toute manière tu sens vraiment si les gens ont écouté le disque ou non en interview. C'est sur que pour Hopper, c'est très souvent Blonde Redhead qui revient mais lorsque cela change tu te sens quand même mieux. Quand le journaliste va repêcher un truc sur Internet c'est évident que tu le ressens et cela va à l'encontre de ce pourquoi nous sommes là.
(dorothée)Si tu prends nos voix à toutes les deux là encore il est difficile d'établir un lien, souvent dans un groupe on se rend compte qu'il existe toujours un membre dont le conditionnement culturel rayonne plus fort que celui des autres. Et de ce côté là, on s'en sort pas mal.

Votre position par rapport à votre position en tant que femme sur la scène rock?
Cela nous sert plus que cela nous dessert en fait, genre un mec peut nous prêter son jack plus facilement...Disons qu'avant il y avait moins de figure phares féminines ou en tout cas qui partageaient une identité tout à fait autre...maintenant le cliché à évolué je pense.

Et pour rebondir là dessus, cette approche féminine vous a t elle particulariser dans une approche sonore tout aussi particulière?
Il faudrait qu'on soit un homme pour pouvoir te répondre vu qu'on ne sait pas comment vous pensez par rapport à la musique.

(jean-yves) un mec ne réfléchit pas...

(aurélia)par exemple moi, j'écoute pas mal de filles mais rien n'est calculé, ce n'est qu'après ou je me rends compte que c'est une fille que j'écoute. On ne revendique rien de spécial par rapport à notre féminité en tout cas. On ne peut pas se prévaloir de ressentir les choses avec plus de sensibilité que quiconque, il existe une pleine démonstration d'artistes masculins qui ont fait preuve d'une sensibilité dont on serait incapable. Plus sensibles que Jean et jean-Yves tu meurs...par exemple.Je ne pense pas que cela ait un rôle prédominant au niveau de l'auteur. Si tu prends l'exemple de la chanteuse des Gossip, le tout est joué sur l'image, qui vient d'une scène particulière, riot girl en tout genre...ce qui fait partie de l'image de la région maintenant.

Venons en à l'album...deergirl....
On a travaillé beaucoup en amont, enregistré beaucoup de maquettes , puis nous avons contacté Ryan Hadlock, le producteur du dit objet. Nous avons eu de longs échanges. C'était un choix de notre part qui fut partagé par ce dernier. Il a réalisé un vrai travail de fourmi, décortiquant le moindre morceau, on appellerait ça "producteur à l'américaine" mais ce n'est pas forcément qu'un ingénieur son mais également un producteur qui participe activement à la réalisation de l'album.
(jean) par rapport à la composition, la plupart des morceaux sont issus de prises lives, de morceaux que l'on jouait déjà en live.

Etait-ce le désir de garder cette sonorité comme marque de fabrique de l'opus?
Nous n'avons pas joué la carte du disque arrangé etc...les morceaux sont pratiquement les mêmes que ceux joués précédemment simplement quelque petites retouches ont été réalisées. Le tout a été enregistré en un mois.

Justement la présence d' Hadlock a dû apporter une touche supplémentaire dans votre univers...sur votre jeu sur scène, ou le futur du groupe tout simplement.
Un travail précis, ultra professionnel...c'est sûr cela nous a apporté mais également dans le sens ou nous nous sommes dits que nous n'avions pas à rougir de nos compos et que nous pouvions nous donner les moyens de nos ambitions et rivaliser avec ces groupes qui ont partagé le même studio des années auparavant.
En ce qui concerne le prochain album, nous allons essayer une autre méthode, qui serait peut-être encore plus "live", sans forcément trop répéter le morceau et lui donner une certaine spontanéité...

Parce que le fait de travailler en amont comme tu le disais un peu plus tôt pourrait empêcher celle-ci de s'exprimer?
C'est un travail différent, il est vrai qu'on les avait beaucoup joué en live. Nous sommes assez curieux des différents process d'enregistrement et de composition. Le prochain album sera enregistré à Beijing je pense.

Et puis des projets solos...notamment Tahiti boy..
(jean)Un de mes amis qui joue déjà avec plusieurs formations sur Paris a pris quelque artistes autour de lui et du projet Tahiti Boy, dont moi...Jonathan Morali qui joue dans Syd Matters sera à la guitare et aux choeurs, ainsi qu' Antoine de Poney Poney..le bassiste de Tanger...on se retrouve à sept, le tout ayant été enregistré en live là également. Le tout sortira le 12 mai. Le fait de jouer sur Paris nous lie tous et nous met en situation de collaboration de manière plus aisée.




http://www.myspace.com/wearehopper