lundi 10 mars 2008

interview Yndi Halda

Aperçus lors du dernier festival Capharnaum en terre rémoise, les fantasques Yndi Halda réecrivent ici l'histoire de Broken Social Scene ou encore Labradford, fruit d'une oeuvre complexe au relent d'intemporalité, génie et éveil de soi, loin des clichés peu inspirés. N'est point admirateur de Coleridge qui veut. A la vue de tous, les yeux fermés, les retours amplifiés sur leur propre réalité du Kent, Yndi Halda implose, réfutant la fausse sensiblerie commune aux garçons de notre âge. Il est de ces rencontres marquées par la compréhension de l'autre. Entrevue épistolaire en compagnie virtuelle de James Vella, quart magique du combo britannique.


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Revenons brièvement sur les premières heures du groupe. Un retour en arrière s'impose...

Yndi Halda : Je me souviens de cette première chanson écrite un jour d'été lorsque nous étions encore encore camarades de classe à l'âge de 15, 16 ans. Avant cette rencontre artistique, nous jouions déjà tous dans des groupes rock/indie influencés par Jeff Buckey, Radiohead, incroyable, cependant Jack, Olly et moi-même venions de découvrir des groupes tels que Sigur Ros; Labradford ou encore Tortoise à l'époque ce qui nous poussa à écrire des titres bien plus calmes. A l'origine, le tout premier morceau se nommait "yndi halda" mais nous décidâmes de le changer pour "awoken from a fragile coma".

Quel était donc le but de la création d'un groupe qui parait encore aujourd'hui assez atypique dans sa vision artistique?

Yndi Halda : Et bien, nous écrivons ce que nous ressentons, ce que nous voyons. Tout comme si nous jouions dans une ferme à la campagne, au sommet d'une colline, que nous ouvrions les portes et que nous retranscrivions le son propre de la campagne du Kent. C'est une immense inspiration pour nous tous.


Qu'en est-il de vos inspirations?

Yndi Halda : Nous sommes influencés par bon nombre de choses, tout pour être exact. Parfois nous écrivons une chanson sur un instant T bien précis. En fait nous aimons regarder le ciel et ses étoiles ou bien encore la mer lorsque nous jouons.

Justement quel est donc le processus d'enregistrement qui se cache derrière des titres tels que "Dash and Blast"? Ce dernier est-il lié étroitement à une approche plus "free jazz", en d'autres termes, influencé par la soudaineté du sentiment?

Yndi Halda : Nous aimons enregistrer chacun de nos titres en configuration live, ce qui est bien mieux que d'enregistrer chacun, individuellement ses propres parties en studio et ainsi de jouer en fonction de ce que l'on ressent à cet instant précis plutôt que de rejouer des arrangements mémorisés et je pense ainsi que notre approche se veut liée au free jazz (que j'apprécie par dessus tout). En d'autres termes, nous ne laissons pas nos compositions se faire parasiter par des règles trop rigides avant de jouer.


Je suppose donc que votre travail est mis en valeur par vos prestations live ? Quel est votre meilleur souvenir à ce sujet? Là où l'osmose atteignit un paroxysme encore inespéré à l'époque ?

Yndi Halda : Oui bien sur nous aimons jouer en live, jouer avec mes meilleurs amis et mes morceaux préferés, et mon plus beau souvenir reste sans nul doute notre prestation à Tokyo. Une fois terminée, le public réclama un rappel et ce pendant vingt minutes ! Même une fois terminée, que les lumières se rallumèrent, et que l'équipe marketing s'apprêtait à ouvrir le stand merchandising, la foule restait près de la scène, demandant un ultime rappel chose que nous fîmes en jouant "We flood empty lakes", que nous n'avions jamais joué auparavant


Ce qui m'amène d'ailleurs à élever une certaine question quant à la prestation live, sous toutes ses formes. Coltrane déclara, après avoir été hué à l'OLympia que la raison de la frustration du public était "qu'il n'était pas allé assez loin". Qu'en est-il de l'attention du public et de la capacité de l'artiste à la capter voire l'emprisonner?

Yndi Halda : C'est une très bonne question. En réalité, lorsque nous jouons, nous entendons chacune des parties jouées par l'autre dans nos retours poussés au maximum et je pense qu'en ce sens nous amenons l'autre à avancer et ainsi à aller "plus loin" car influencé par le jeu de ses voisins.

Parlons un peu commerce, bien triste chose...pouvez-nous dévoiler les dessous de votre contrat ? Avez-vous rencontrés quelque difficultés quant à son obtention?

Yndi Halda : Et bien tous les labels avec qui nous avons travaillés ont toujours été très proches de nous et de notre travail. Nous n'avons rencontré aucune difficulté à trouver un contrat puisque c'est lui qui nous a trouvé ! Nous avions commencé à négocier un contrat avec Big Monsters en Grand-Bretagne, car certains de nos amis y travaillent et peu après notre accord de sortir notre album par le biais du dit label, le label Américain Burn Toast Vinyl me contactait pour une future sortie en Amérique du Nord.

Quel est votre point de vue quant à l'émancipation du post rock et de ses variantes, toute plus insolites les unes que les autres? Et par la même occasion, comment définiriez-vous votre art (une question typiquement gauloise je présume) ?

Yndi Halda : Nous ne pensons pas faire partie de ce mouvement "post rock" car nous n'aimons pas ce terme médiatique (qu'y -t-il en fait après le mouvement rock? Rien). De plus, nous ne partageons par les mêmes éléments dans la composition musicale que ce mouvement, cependant je comprends pourquoi beaucoup de gens nous voient ainsi. Nous aimons à nous considérer tel un groupe d'"indie-folk", au sens totalement étendu. Nous écoutons des groupes tels que Sufjan Stevens, Death Cab for Cutie, Arcade Fire, The National, Broken Social Scene, et je pense que nous partageons beaucoup de choses avec eux en ce qui concerne l'écriture même.

Quelle est votre conception d'une journée parfaite ?

Yndi Halda : Une journée où j'évite tout élan d'oisiveté.

Quelle est votre définition de la beauté dans l'art ? Question généraliste certes, mais qui ne s' y est jamais égaré ?

Yndi Halda : Je me suis surpris récemment à découvrir que la musique que j'écoute est celle qui me fascine véritablement. J'aime que celle-ci suscite mon intérêt, me pousse à relever des défis et j'aime aussi le fait d'être jaloux de ces compositeurs et de leur manière, si particulière, d'entrevoir la musique. Cette beauté même me pousse mon groupe et moi même à constamment livrer une forme de compétition. J'ai récemment écouté beaucoup de Soul latine et africaine, du funk brésilien ainsi que de l'afro beat ghanéen (Hi life en particulier) et j'aime l'idée de pouvoir me rendre dans ces pays afin de constater enfin quelle est la part de beauté qui réside en ma musique.


Et le futur?

Yndi Halda : Incroyablement excitant ! Nous sommes en train d'écrire ce que je considère désormais comme les meilleurs morceaux que nous n'ayons jamais composés. Nos idées semblent de plus nous mener là où nous avions décidé de nous rendre il y a quelques années, au tout début du groupe.

interview disponible sur lefondlaforme.free.fr/


James Vella, membre du groupe Yndi Halda, nous livre sa playlist pour un parfait réveil symphonique.

- Little Wings >> “ Everybody ”

- Akron/Family >>“ So Many Colours ”

- Felicia Atkinson and Sylvain Chauveau >> “ Aberdeen ”

- Gilberto Gil >> “ Bat Macumba ”

- LAKE >> “ You Are Alone ”


myspace.com/yndihalda

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