lundi 19 mai 2008

pauline croze interview

On peut lier les choses, parfois absondes. Aimer Flying Lotus, s'animer dans sa voiture et puis redescendre, le moment d'après. Se raviver près du feu. Rencontrer Pauline Croze. Quinze minutes d'une rencontre concrète. Aborder le monde sous un aspect tout aussi fécond. La vie selon une rêveuse. La matière change subitement, seul réside ce fond propre à beaucoup. Enregistrement.

La genèse de Pauline Croze....
J'ai commencé ma carrière en jouant dans une multitude de bars et autres, ce qui m'a fait rencontrer Anne Claverik qui était la manageuse à cette époque des Valentins ainsi que d' Etienne Daho. La maquette que je lui avais remise lui a beaucoup plu, la mise à l'oeuvre s'est fait automatiquement. De là, de nombreuses rencontres m'ont permise d'accéder à un niveau autre, des premières parties...cependant l'évidence n'était pourtant pas de mise, la recherche d'un label par exemple...le fait de l'avoir rencontrer m'a fait entrevoir une certaine fluidité d'évènements en fait. Avant tout cela, j'ai benéficié de la reconnaissance du public en ayant la chance de jouer pour les Transmusicales de Rennes, le CQFD des Inrocks, et puis bien sûr la séléction pour les Victoires de la Musique.

Justement tu parlais de remise de prix ou tout du moins de séléction. Accordes tu quelque importance vis-à-vis de ces dites "cérémonies"?
De réelle importance pas forcément. J' ai plus l'impression que les Victoires ne récompensent que le succès commercial au détriment même de la quintessence artistique, et ce, à l'opposé de prix tels que le prix Constantin. Mais cela n'engage que moi.

Te sens tu proche d'un ou plusieurs artistes sur la scène dite " actuelle"?
Disons que cet univers m'est assez lointain en vérité, de là fourmillent ces démarches qui le sont tout autant. Si je devais prendre en exemple un(e) artiste et l'originalité de sa démarche et bien je dirai Camille et son second album, le troisième ne m' a pas interpellé, tout du moins je n'ai pas pris le temps de m'en occuper. Néanmoins je trouve que la recherche de cette articulation sonore est riche de sens et prodigue un swing qui me plaît beaucoup.
J'ai travaillé également avec Arthur H. sur " baiser d'adieu" que je n'arrivais à terminer, on a beaucoup buté sur le morceau avant de le conclure dans la douleur.

Tu me sembles assez atypique dans le déroulement et la gestion de ta carrière, évitant le carcan qu'offre une célébrité trop fugace...j'ai été assez surpris de voir que tu t'influençais aussi de Wayne Shorter pour travailler tes vocalises..on peut aussi de poser la question de savoir si le tout n'est pas orchestré pour justement jouer la carte de la défiance face au consensus commercial?
Et bien ici c'est la vérité donc pas de problèmes. Ce que je recherche par dessus le tout c'est la rythmique parfaite, le groove...ce que j'aime et par la même occasion, mettre en exergue, c'est cette musique chaloupée, la boucle hypnotisante. Je travaille ainsi ma voix dans cette optique et les solos de Wayne Shorter sont une très bonne source d'inspiration, les tenues de notes, ces effets très fondus du son qui peuvent être très criards parfois.

En ce qui concerne les séances de composition?
Et bien ces dernières ont été totalement différentes sur ce deuxième album puisque je me suis refusé à composer sur le mode voix/guitare. Je suis assez limité par mon jeu de guitare, je tourne souvent autour de la meêm chose au bout d'un moment, j'ai donc dû essayer d'éviter tout cela en posant des sons de saxophone, de basse, instruments que je ne travaille pas trop voire du tout ce qui me pousse à ne pas avoir ces réflexes de composition que j'ai parfois avec ma guitare. Cette dernière n'est pas principale à la composition, le tout étant un gigantesque puzzle musical. D'ailleurs ce processus évite l'effet miroir avec le premier album je pense.

Cette légéreté dans la composition se retrouve-t-elle dans tes séances d'écriture?
Parfois un théme surgit, d'autres comme un "bruit qui court" a mis trois ans avant d'être achevé.

Existe-t-il une distanciation que tu mettrais autant sur scène que sur disque?
Je ne sais pas vraiment si je me pose la question de la disatance avec la personne qui va écouter. Ce que je sais c'est que j'écris pour moi, du coup je ne m'intéresse pas au ressenti de l'autre ou comment il ou elle va le prendre. J'essaie cependant d'éviter le nombrilisme en évitant les occurrences du "je, je, je" mais si cela fait du bien...après, je peux te parler de cette chaise c'est de l'égotrip peut-être plus hypocrite, mais on y revient toujours à soi ou alors tu es un très bon story teller et tu peux te permetter d'aller vers d'autres horizons artistiques. Je parle souvent de sensations dans mes chansons, dans le "bruit qui court", je ne voulais pas incarner ma propre personne avec mon propre vécu, le "je" que j'utilise est entrevu comme personnage de cartoon, et par la même occasion de relativiser cette rumeur qui ne cesse de véhiculer des images sur nous, de ces soit disants acquis qui s'effondrent à chaque nouvel album.

Oui, entre ces deux opus, de nombreux changements ont dû affecter ta perception des choses...
Par rapport au deuxième album, je me suis sentie plus confiante pour le porter ainsi que d'assumer mes envies. Au niveau du public, et bien il me semble moins acquis que sur les premmiers morceaux. Je pense que beaucoup d'entre eux se sont déjà détournés de mes titres, d'autres se montreront plus "curieux", mais la donne est toujoiurs assez évolutive.

C'est peut-être pas si mal d'avoir en face de nous des gens un peu plus à même d'évaluer son travail, sans l' élitiser bien sûr.
Oui, mais je pense que la simplicité est la meilleure des choses en soi cependant si on la calque à ce que l'on a fait auparavant, il est préférable de lorgner vers une certaine complication. Pour l'album, je n'avais pas d'inspiration sur des choses simples, et je rebondissais à chaque fois sur des schémas dont la simplicité me rappelait étrangement mon premier album. Pour moi c'est un mouvement permanent, la simplicité se nourrit de sophistication.

Je t'ai croisé l'été dernier sur Arte et son docu musical " Route 66" dans lequel tu apparaissais dans une reprise des Doors et "people are strange" en compagnie de Betrand Belin ce qui m'amène à cette éterbelle question: penses tu être l'écho d'un quelconque mouvement de cette époque et comment éviter le processus du "copier-coller"?
Oui bien sûr, les années 70 constituent pour moi une fascination énorme, la libération sexuelle, de créativité, mais en même temps ces mouvements communautaristes tranchent avec ma personnalité marquée par l'individualisme. Ces mouvements collectifs me fascinent parce que je sais que je ne suis pas capable de cela et je ne m'en sens pas l'héritière. Je me sens plus admirative de la liberté au sens large.
D'un autre côté, je suis attiré par les ce qui m'oppose, je ne veux pas me cantonner à ma petite personnalité. J 'aspire à travailler dans cet esprit communautariste, vraiment. Il ya tellement de vents contraires à cet esprit et j'admire ceux qui arrivent à repousser ses limites soi-disantes établies, en oubliant leur égo. Moi par exemple, j'aime que les mots que j''écris ne soient prononcés que par moi-même. D'un autre côté je fais partie d'une bonne structure, je ne suis pas toute seule à faire de la musique dans ma cabane...Finalement la résurgence des années 70 pourraient se retrouver dans le démantement des grosses structures et l'ouverture des labels sur des espaces tels que Myspace par exemple...ce qui est regretable dans ce système c'est que tout le monde y va pour y faire sa petite promo, on y dit " viens voir mon concert" et plus " j'aime ta musique ( ou autre ) pour telle ou telle raison".



merci à la Cartonnerie.


http://www.paulinecroze.com/



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