jeudi 1 mai 2008

syd matters interview

On ne pouvait imaginer, non sans mal, Syd Matters poser ses valises lourdes de sens dans une contrée proche d'un monde à la féerie trafiquée. Voilà. Les extrêmes opposés s'attirent parfois. Jonathan Morali est ce type brillant, qu'on aimerait croiser, au fil de rencontres nocturnes. Sonder l'esprit aussi dense du groupe, illuminés au pays du non-dit, relève de ces moments fantomatiques que l'insomniaque reconnaît parmi tant d'autres. Panser le mystère et tâcher de ressentir, plutôt que de comprendre.



revenons-nous aux premières heures...
je viens en fait du mouvement home studio. J'ai commencé à écrire mes premiers textes comme beaucoup de jeunes passionnés par la musique et à enregistrer mes premières démos chez moi, par la suite je me sis détourné de mes études, étant étudiant en fac d'histoire (rires)... je me suis dés lors entouré de musiciens ( qui forment aujourd'hui le projet syd matters) en 2002. Depuis cette réalité de groupe nous a amené à considérer notre existence d'une toute autre façon, cependant sans jamais entrevoir une quelconque complexité quant à la nature du projet. Nous sommes ravi d'avoir eu la possibilité de sortir "ghost days" en janvier dernier mais nous ne voulons nous embêter avec de grands projets irréalisables. Je considère que toute ma vie artistique n'est qu'une suite d'heureux évènements, de coups chanceux et de rencontres en tout genre.

tu sembles accorder énormément à la spontanéité...
Oui, je pense encore que seule la spontanéité est la seule capable de retranscrire ces déstructurations. Comme je te le disais auparavant, nous n'envisageons notre musique que sous cet angle, l'angle de la non complexité. Je crois que finalement c'est la plus belle façon de résumer son vécu, ses expériences.

c'est un peu sur ce système que vous semblez avoir travaillé pour la bande originale de la " Question Humaine", processus qui n'est pas sans rappeler l" Ascenseur pour l'Echaffaud" de Truffaut et la bo signée Miles Davis...
Oui ( regard plongé dans un vide explicitant ces moments...ici, seule réside la "vérité"), de là à me comparer à davis ...mais bon sur le principe oui c'est exactement ça. En d'autres termes, s'enfermer dans une pièce tous les cinq et de voir ce que pouvait engendrer ce travail en groupe et se confronter à cet autre principe de production.

En ce qui concerne les Thématiques...
en l'occurrence il n'y pas vraiment de grande recherche dans mes textes, tu sais lorsque je regarde en arrière et me confronte aux textes que j'ai écrit, je me rends compte que j'utilise beaucoup de fois les mêmes mots, mais le tout est une expression là encore de mon vécu et je trouve inutile de vouloir expliciter ces derniers. Je n'en vois pas l'intérêt vraiment. La perte de contrôle est évidemment importante dans mon écriture, on peut se demander pourquoi encore je peux relier des choses ensemble qui n'en ont pas. Ensuite, l'utilisation de l'anglais me semble vécue comme nécessaire, cependant tu te dois de respecter ton environnement culturel, identitaire, en évitant l'écueil du conditionnement culturel. J'ai eu la chance de jouer dans des pays comme la Finlande et la Suède et j'ai eu l'impression que ce mimétisme culturel n'est pas le fruit unique d'une fermeture d'esprit à la Française. Je suis tombé sur des autochtones qui te réalisaient des titres folk, habillés à la texane et qui te lancent des grands " au revoir " en finlandais...(rires) je veux dire par là que c'est n'importe quoi et que ce principe d'agissement est ridicule, que tu vives en Ardéche, ou dans le Larzac tu te dois de respecter ton vécu afin de le retranscrire de la meilleure manière qui soit.

Finalement tes influences artistiques et littéraires...
et bien je dirai que ce sont ces gens qui aiment à résumer la création artistique par l'expression des sentiments. J'ai lu récemment la bio d'un ancien chroniqueur musical qui résume très bien cet état de fait. Il te réalise des chroniques en passant en revue chacun des titres par ces simples accroches " sur ce titre j'ai eu des frissons, et ensuite sur celui-là, j'ai eu envie de téléphoner à un tel", voilà la plus belle façon de résumer la musique pour moi, l'utilisation de la technicité, des phrases choc, moi ça me fait peur. Véritablement. Très peur.

Cependant il subsiste encore la tendance inverse...
Oui, évidemment. J'ai lu des papiers qui parlaient de notre album en clamant qu'il était bien écrit mais tournait trop en rond, que c'était toujours la même chose en fait. Je peux l'accepter c'est clair à partir du moment ou le papier est bien écrit, que le journaliste a prouvé son travail en amont. Tu sais la façon dont les journalistes peuvent détourner, voir appauvrir la réalité, qu'elle soit artistique ou non est assez atterrant. Ma copine est journaliste ce qui me donne la possibilité d'avoir accès à ce monde là. L'émission dont tu parles par exemple et ce qui c'est passé ce soir là....(silence interrogatif)...désolé mais...je pense que ce genre d'émission est assez avilissante, les deux journalistes se posent là comme une espèce de crédibilité désassumée, du genre "okay donc là si les gens se font défoncer c'est parce que ces deux là ont la connaissance absolue" la plupart du temps, tout est dit pour justement jouer ce rôle de réduction quant à la critique. De toute manière et je reprends ce dont en parlait tout à l'heure, c'est que seuls les passionnés subsistent dans ce métier. Mais bon je vais pas te dire que je ne regarde pas, évidemment que si (rires) ! Même la nouvelle star aussi, je me mets devant en me pensant être artiste maudit et incompris devant un monde totalement en inadéquation avec le mien (rires)....

Tes influences ...question basique pour certains...
non mais je pense que c'est normal au contraire. J'ai vécu dans un milieu parental ou l'on écoutait beaucoup les Pink Floyd, et puis les influences sont éparses, Thom Yorke, Nick Drake. Là encore je rebondis sur ce dont je te parlais plus tôt mais le milieu journaliste a peut-être trop tendance à minimiser la création. Du coup, ça me fait toujours un peu rire..." il y a de la guitare, là un chanteur un peu morose oui c'est sur, c'est le fils spirituel de Radiohead ou autre" .
(des étoiles quelque part) je suis toujours étonné de voir le niveau d'un groupe, toujours en totale évolution, quand tu prends le dernier album, il mérite totalement l'attention qu'on lui porte. regarde le jeu des rythmiques, c'est hallucinant cette manière qu'ils ont de toujours vouloir dénicher un nouveau jeu rythmique etc...d'être en perpétuelle recherche de nouveautés..J'ai vraiment l'impression d' entendre l'oeuvre d'un premier groupe. Comme s'ils avaient balayé d'un revers de manche leur passé discographique et artistique. C'est fou mais seuls eux sont capables de se mettre dans un environnement dérangeant pour y sortir des choses inconcevables.

Qu'en est-il de la scène dite "actuelle"? Tu as travaillé notamment avec Landscape il me semble.
J'ai travaillé avec H-burns récemment, c'est une personne qui a une vraie culture folk et musicale ( "how strange it is to be anything at all ?"), ce fut un échange très réussi dense humainement ainsi artistiquement parlant. Là encore, tout c'est fait par chance une fois de plus. Sinon effectivement j'ai travaillé avec Landscape sur un titre " someday"...ce dernier est très méticuleux , très cadré dans sa recherche musicale ce qui nous change c'est sûr (rires). Pour la petite histoire je n'ai eu aucune connaissance de son travail avant de le rencontrer.

Quelle est la résurgence de l'artwork sur la quintessence même de l'album..on pourrait y entrevoir un certain goût pour le naturalisme?
En fait, l'auteur de l'artwork est Jason Glazer que j'ai rencontré par le biais de Sebastien Schuller. Ce qui est plutôt réussi ici, c'est que nous n'avons strictement rien imposé, tout est le fruit d'un travail qui était déjà disponible, par exemple le centaure qui est partie intégrante de l'album et du clip, tout l'univers était déjà là. Ces éléments étaient ce que l'on cherchait afin de coller à notre univers, mais oui on peut l'appeler symbolique.

http://www.myspace.com/sydmatters

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